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Ad Mortem Aeternam

17 octobre 2005

La Mort

Mood : Dark

Muzik : Nox Arcana - Darklore Manor

blog_2005_10_17___la_mort

"Pendant que nous parlons, la nuit tombe : la mort se glisse ; et dans sa grande ombre, elle nous endort."

Cornelius Gallus - Poète Latin (-68, -26)

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17 octobre 2005

Marie-Antoinette, Reine de France, morte le 16 Octobre 1793

Mood : Dark

Muzik : Inkubus Sukkubus - Away with the Faeries

blog_2005_10_16___testament_de_marie_antoinette1

En hommage à la Reine Marie-Antoinette, victime en ce jour maudit 16 Octobre 1793 de la haine d'un Peuple.

"C'est à vous, ma soeur, que j'écris pour la dernière fois : je viens d'être condamnée non pas à une mort honteuse, elle ne l'est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère; comme lui innocente, j'espère montrer la même fermeté que lui dans ces derniers moments. Je suis calme comme on l'est quand la conscience ne reproche rien.

J'ai un profond regret d'abandonner mes pauvres enfants; vous savez que je n'existais que pour eux, et vous ma bonne et tendre soeur, vous qui avez par votre amitié tout sacrifié pour être avec nous : dans quelle position je vous laisse !

J'ai appris par le plaidoyer même du procès que ma fille était séparée de vous. Hélas ! la pauvre enfant, je n'ose pas lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre. Je ne sais même pas si celle-ci vous parviendra, recevez pour eux deux, ici, ma bénédiction.

J'espère qu'un jour, lorsqu'ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous, et jouir en entier de vos tendres soins. Qu'ils pensent tous deux à ce que je n'ai cessé de leur inspirer : que les principes et l'exécution exacte de ses devoirs sont la première base de la vie; que leur amitié et leur confiance mutuelle en feront le bonheur; que ma fille sente qu'à l'âge qu'elle a, elle doit toujours aider son frère par les conseils que l'expérience qu'elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer; que mon fils à son tour, rende à sa soeur tous les soins, les services que l'amitié peut inspirer; qu'ils sentent enfin tous deux que dans quelque position où ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union, qu'ils prennent exemple de nous. Combien dans nos malheurs notre amitié nous a donné de consolations, et dans le bonheur on jouit doublement quand on peut le partager avec un ami et où en trouver de plus tendre, de plus cher que dans sa propre famille ? Que mon fils n'oublie jamais les derniers mots de son père que je lui répète expressément : qu'il ne cherche jamais à venger notre mort.

J'ai à vous parler d'une chose bien pénible à mon coeur : je sais combien cet enfant doit vous faire de la peine; pardonnez-lui, ma chère soeur; pensez à l'âge qu'il a, et combien il est facile de faire dire à un enfant ce qu'on veut, et même ce qu'il ne comprend pas, un jour viendra, j'espère, où il ne sentira que mieux tout le prix de vos bontés et de votre tendresse pour tous deux.

Il me reste à vous confier encore mes dernières pensées.

J'aurais voulu les écrire dès le commencement du procès, mais outre qu'on ne me laissais pas écrire, la marche en a été si rapide, que je n'en aurais pas réellement eu le temps.

Je meurs dans la religion catholique apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où j'ai été élevée, et que j'ai toujours professée, n'ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s'il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop, s'ils y entraient une fois. Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j'ai pu commettre depuis que j'existe. J'espère que dans sa bonté il voudra bien recevoir mes derniers voeux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps pour qu'il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté. Je demande pardon à tos ceux que je connais et à vous, ma soeur; en particulier, d toutes les peines que, sans le vouloir, j'aurais pu vous causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu'ils m'ont fait.

Je dis ici adieu à mes tantes et à tous mes frères et soeurs. J'avais des amis, l'idée d'en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j'emporte en mourant, qu'ils sachent du moins que jusqu'à mon dernier moment j'ai pensé à eux.

Adieu ma bonne et tendre soeur; puisse cette lettre vous arriver.

Pensez toujours à moi; je vous embrasse de tout mon coeur ainsi que ces pauvres et chers enfants.

Mon Dieu ! qu'il est déchirant de les quitter pour toujours.

Adieu, adieu !

Je ne vais plus m'occuper que de mes devoirs spirituels comme je ne suis pas libre de mes actions, on m'amènera peut-être un prêtre, mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot, et que je le traiterai comme un être absolument étranger."

Rédigé le 16 Octobre 1793 à 4h30 du matin.

La Reine fut guillotinée à 11h15, le même jour

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  • "Je suis venu au monde un jour d'hiver sombre et glacé, le jour des soupirs et des larmes que les Morts, dont il porte le nom, ont marqué d'une prophétique poussière" Barbey d'Aurevilly (1808-1889)
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